vendredi 18 juin 2010

Corrigé du Bac ES 2010 : Philosophie sujet 3

Le sujet de Philosophie sujet 3 :

Expliquez le texte suivant :

La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est œuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.

DURKHEIM, L’éducation morale

Le corrigé de Philosophie sujet 3, Bac ES :

Le sujet : le texte en série ES a été choisi parmi l’œuvre de Durkheim, qui n’est pas inconnu des élèves.

Les difficultés / pièges à éviter :
Mais pour cette raison, il fallait faire attention à ne pas « plaquer » des connaissances sans rapport avec le texte.
La difficulté de toute explication est justement de ne pas faire de contresens ou de paraphrase. Il fallait réfléchir à la portée du texte : pourquoi Durkheim souligne-t-il la contradiction entre la dimension collective de la morale et les valeurs humanistes ?
Attention, ici Durkheim ici ne dénonce pas la valeur de l’autonomie. Au contraire il pense que c’est la seule valeur aujourd’hui susceptible de fédérer les hommes.

Les notions au programme : La morale, la liberté.

Le thème du texte : l’autonomie.

Problème traité par le texte : A quelle difficulté s’oppose aujourd’hui la transmission des valeurs morales

Thèse de l’auteur : la transmission des valeurs morales est confrontée à un dilemme : concilier le caractère contraignant des règles collectives de la morale avec la valeur de l’autonomie.

Les références pertinentes :
Ici Durkheim évoque la conception kantienne de la morale.

Le plan :
Première partie : ligne 1 à 10, la morale est un ensemble de règles qui s’imposent de l’extérieur aux individus.
1/ Les hommes n’ont pas d’action individuelle dans l’élaboration de la morale. Ils n’en sont pas les auteurs. La morale est un processus collectif, qui évolue très lentement.
2/ C’est donc la pression sociale qui provoque le comportement moral de l’homme. La morale est ainsi un facteur de cohésion sociale.

Seconde partie : ligne 10 à 21 : la contradiction entre la dimension collective de la morale et l’aspiration à l’autonomie entre les hommes ?
1/ La valeur de la personne humaine :
La morale actuelle repose sur la dignité de la personne humaine (référence Kant). Par conséquent, c’est l’autonomie qui est une valeur centrale.
Y a-t-il un risque de dissolution de toute morale, chacun désirant être l’auteur de ses propres règles morales ? Ce refus des règles extérieures va-t-il conduire au relativisme ?

2/ Une valeur collective.
« Tout le monde » pense que l’autonomie est plus importante que la conformité à des règles extérieures à l’individu. Le respect de la personne humaine fait l’objet d’un « culte », ce qui implique une communion collective. Il y a ainsi un renversement : la valeur de l’autonomie est une valeur individuelle, mais elle est partagée par tous.
Par conséquent, le respect de la personne humaine est la seule valeur susceptible de fédérer les hommes. La morale ne peut plus être enseignée sans faire appel à l’autonomie.

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