vendredi 18 juin 2010

Corrigé du Bac ES 2010 :Histoire-Géo, Epreuve mineure 2

Croquis : « La Russie : un territoire inégalement peuplé et mis en valeur »


Le corrigé d'Histoire-Géo : Epreuve mineure 2, Bac ES :

On attend ici les trois Russies : Ouest, Sud et Sibérie. L’accent doit être mis sur un Ouest dense, peuplé, urbanisé, ouvert, un Sud moins dense qui suit le transsibérien le long des villes, et une Sibérie presque vide mais aux ressources énergétiques très importantes. Trois espaces d’ouverture : par Saint-Pétersbourg, par la mer Noire et par Vladivostok.
Légende possible : 1. Un espace inégalement peuplé (pôles urbains et espaces des trois Russies). 2. Un espace inégalement mis en valeur (gisements, flux de transports). 3. Un espace inégalement ouvert (ports, mention d’un Océan Glacial Arctique qui bloque toute circulation une partie de l’année). D’autres légendes sont bien entendu possibles.

Corrigé du Bac ES 2010 : Histoire-Géo, Epreuve mineure 1

Croquis : « L’organisation de l’Europe rhénane »



On attend ici trois espaces : la mégalopole, le polycentrisme urbain, la Northern Range. Attention à bien montrer qu’il ne s’agit pas que d’un espace allemand, à montrer les regroupements urbains (conurbation Rhin-Ruhr), à montrer les liens avec l’est et la mégalopole.
Légende possible : 1. Un espace fortement urbanisé (pôles). 2. Un espace inscrit dans la puissance européenne (mégalopole et flux continentaux). 3. Un espace ouvert sur le monde (ports, interface maritime, flux mondiaux). D’autres légendes sont bien entendu possibles.

Corrigé du Bac ES 2010 : Histoire-Géo, Epreuve majeure 3

Le sujet d'Histoire-Géo : Epreuve majeure 3 :

Etude d’un Ensemble Documentaire : « Comment ont évolué les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France depuis 1945 ? »
Document 1 : extrait d’un manuel de CM1, Hachette, 1964.
Document 2 : extraits d’un manuel de 3e cycle d’école primaire, Nathan, 1997.
Document 3 : Timbre-poste français émis en 1965.
Document 4 : Affiche du Parti communiste français, octobre 1945.
Document 5 : Discours du président de la République française, Jacques Chirac, le 16 juillet 1995.



Questions
On pouvait attendre, dans les réponses, les expressions ou événements suivants.
Q°1. Mythe résistancialiste gaullien en 1964 : le nom de Vichy n’est même pas écrit. En 1997, accent mis sur les déportations, le génocide, la vie quotidienne, et une France partagée entre résistants et collaborateurs.
Q°2. Mémoire gaullienne de la Résistance (doc.1) et mémoire communiste (doc. 4).
Q°3. Doc. 1 : Victoire française. la France est libérée par les Français, aidés par les anglo-américains en Normandie. Doc. 3 : Victoire de la Grande coalition contre l’Allemagne nazie, la France au même niveau que les Britanniques, Américains et Soviétiques. Doc. 4 : Victoire en France permise par le PCF, « Parti des Fusillés », toute autre résistance étant écartée.
Q°4. La mémoire de la déportation des juifs en France. Aucune allusion en 1964. Le discours de Jacques Chirac (1995) reconnaît la responsabilité de l’Etat français dans la déportation, notamment celle de la police et de la gendarmerie. La rafle du Vel’d’Hiv, les camps de transit en France, les rafles, la déportation vers Auschwitz, et le chiffre de 76000 juifs de France morts en déportation. Fautes de l’Etat et rappel des valeurs de la République. Le manuel de 1997 se fait l’écho de cette évolution, qui remonte aux années 1980, et fait mention de la déportation, de l’extermination, et parallèle fait entre la collaboration et le port de l’étoile jaune.
Réponse organisée
Plan simple : les mythes résistancialistes gaullien et communiste, remis en cause dans les années 1960-1970 par films, études historiques et procès, enfin reconnaissance de la culpabilité de l’Etat français et accent mis sur l’enseignement de la déportation et de l’extermination.

Corrigé du Bac ES 2010 :Histoire-Géo, Epreuve majeure 2

Composition : « Les démocraties populaires et leurs évolutions (1948-1989) », chronologie jointe.


Le corrigé d'Histoire-Géo : Epreuve majeure 2, Bac ES :

Sujet de cours. Il était maladroit de suivre le plan 1. Les démocraties populaires. 2. Leurs évolutions. En revanche, un plan chronologique qui reprenne toutes les dates indiquées dans la chronologie fournie est attendu. Attention au risque de raconter la guerre froide ou de se perdre dans les détails… il faut utiliser le contexte de la guerre froide pour expliquer l’évolution des démocraties populaires, comme par exemple 1961 la construction du mur de Berlin ne peut se comprendre sans expliquer les relations entre les deux Grands. Attention aux bornes du sujet : 1948 implique de ne pas raconter en détail les conférences de Yalta et Potsdam, et l’affrontement des doctrines, qui appartiennent à la guerre froide, et auxquelles on peut faire allusion en introduction. 1989 implique de n’expliquer que la fin de ces démocraties populaires et non la fin de la guerre froide, qui est postérieure.
On pouvait construire un plan chronologique :
1. Naissance et organisation des démocraties populaires (1948 Coup de Prague, 1953 mort de Staline et révolte ouvrière à Berlin, 1955 Création du Pacte de Varsovie). 2. Les premières remises en cause (1956 rapport Krouchtchev et Soulèvement réprimé de Budapest, 1961 Construction du mur de Berlin, 1968 Printemps de Prague et souveraineté limitée des démocraties populaires). 3. Contestations populaires et fin des démocraties populaires (1980 grèves en Pologne, 1989 ouverture de la frontière hongroise et Chute du mur de Berlin). D’autres plans sont bien entendu possibles.

Corrigé du Bac ES 2010 : Histoire-Géo, Epreuve majeure 1

Composition : « Le Tiers-Monde : indépendances et tentatives d’organisation (1945-fin des années 1980) »


Le corrigé d'Histoire-Géo : Epreuve majeure 1, Bac ES :

Sujet classique, déjà tombé au baccalauréat sous d’autres formes. Une difficulté néanmoins ici : l’accent est mis sur les indépendances, il ne faut donc pas consacrer une partie entière au système colonial. On devait néanmoins expliquer le fonctionnement des colonies en s’appuyant sur les critiques des indépendantistes. Les bornes chronologiques ont également un sens : la fin de la Seconde Guerre mondiale permet d’expliquer la remise en cause des métropoles affaiblies par la guerre (les massacres de Sétif et Constantine en Algérie, en mai 1945) ; proposer la fin des années 1980 ne correspond pas à un événement dans le Tiers-Monde mais oblige à expliquer le sens de l’expression, inventée pour qualifier le 3e groupe qui relie certains Etats face aux deux blocs de la guerre froide, et donc dès que la guerre froide s’achève, l’idée de Tiers-Monde est remplacée par la notion de Suds, étudiée en géographie.
On pouvait utiliser un plan qui reprenne les deux éléments du sujet : 1. La recherche des indépendances. 2. Les tentatives d’organisation. Ceci dit un plan en trois parties pouvait permettre d’expliquer un peu mieux le processus : 1. La remise en cause des systèmes coloniaux par les mouvements indépendantistes (causes, organisation, modalités). 2. Les modes d’accès aux indépendances (négociations, violences, guerres). 3. Les tentatives d’organisation (non-alignés, conférences de Bandoung, La Havane, Budapest, Alger, influence des deux Grands,…). D’autres plans sont possibles, bien entendu.

Corrigé du Bac ES 2010 : Philosophie sujet 3

Le sujet de Philosophie sujet 3 :

Expliquez le texte suivant :

La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est œuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.

DURKHEIM, L’éducation morale

Le corrigé de Philosophie sujet 3, Bac ES :

Le sujet : le texte en série ES a été choisi parmi l’œuvre de Durkheim, qui n’est pas inconnu des élèves.

Les difficultés / pièges à éviter :
Mais pour cette raison, il fallait faire attention à ne pas « plaquer » des connaissances sans rapport avec le texte.
La difficulté de toute explication est justement de ne pas faire de contresens ou de paraphrase. Il fallait réfléchir à la portée du texte : pourquoi Durkheim souligne-t-il la contradiction entre la dimension collective de la morale et les valeurs humanistes ?
Attention, ici Durkheim ici ne dénonce pas la valeur de l’autonomie. Au contraire il pense que c’est la seule valeur aujourd’hui susceptible de fédérer les hommes.

Les notions au programme : La morale, la liberté.

Le thème du texte : l’autonomie.

Problème traité par le texte : A quelle difficulté s’oppose aujourd’hui la transmission des valeurs morales

Thèse de l’auteur : la transmission des valeurs morales est confrontée à un dilemme : concilier le caractère contraignant des règles collectives de la morale avec la valeur de l’autonomie.

Les références pertinentes :
Ici Durkheim évoque la conception kantienne de la morale.

Le plan :
Première partie : ligne 1 à 10, la morale est un ensemble de règles qui s’imposent de l’extérieur aux individus.
1/ Les hommes n’ont pas d’action individuelle dans l’élaboration de la morale. Ils n’en sont pas les auteurs. La morale est un processus collectif, qui évolue très lentement.
2/ C’est donc la pression sociale qui provoque le comportement moral de l’homme. La morale est ainsi un facteur de cohésion sociale.

Seconde partie : ligne 10 à 21 : la contradiction entre la dimension collective de la morale et l’aspiration à l’autonomie entre les hommes ?
1/ La valeur de la personne humaine :
La morale actuelle repose sur la dignité de la personne humaine (référence Kant). Par conséquent, c’est l’autonomie qui est une valeur centrale.
Y a-t-il un risque de dissolution de toute morale, chacun désirant être l’auteur de ses propres règles morales ? Ce refus des règles extérieures va-t-il conduire au relativisme ?

2/ Une valeur collective.
« Tout le monde » pense que l’autonomie est plus importante que la conformité à des règles extérieures à l’individu. Le respect de la personne humaine fait l’objet d’un « culte », ce qui implique une communion collective. Il y a ainsi un renversement : la valeur de l’autonomie est une valeur individuelle, mais elle est partagée par tous.
Par conséquent, le respect de la personne humaine est la seule valeur susceptible de fédérer les hommes. La morale ne peut plus être enseignée sans faire appel à l’autonomie.

Corrigé du Bac ES 2010 : Philosophie sujet 2

Le sujet de Philosophie sujet 2 :

Le rôle de l’historien est-il de juger ?

Le corrigé de Philosophie sujet 2, Bac ES :

Les notions au programme : L’histoire

La problématique : la question porte sur le rôle de l’historien et demande si celui-ci consiste à juger. Oui, mais juger quoi ? Les documents historiques ?Les événements ? L’actualité ? Le sujet ne le dit pas, et il convient donc de préciser ce que l’historien pourrait être habilité à juger.
Ici, « juger » doit être compris d’abord au sens d’apprécier, estimer, évaluer. La question est alors : L’historien est-il autorisé à formuler des jugements de valeur sur ce qu’il étudie ou sur le monde qui l’entoure ? Or, la mission de l’historien est justement de veiller à l’objectivité de son récit.
Mais juger signifie aussi savoir distinguer le vrai du faux. L’historien, dans son travail, doit constamment juger ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas, faire preuve de discernement.
Enfin, juger a également le sens de prononcer une sentence, prendre une décision, trancher définitivement. L’historien peut-il décider du sens de l’histoire une fois pour toutes ? L’histoire n’est-il pas un travail qui consiste à remettre en cause continuellement les certitudes acquises dans le passé ?

Les difficultés / pièges à éviter : Ce sujet nous invitait à réfléchir au rôle de l’historien. Il fallait donc éviter de transformer le sujet : l’historien est-il objectif ?
Attention à ne pas comprendre uniquement « jugement » comme un jugement de valeur. Un jugement est aussi un jugement de fait, un constat.Il fallait éviter de se contenter de dénoncerle manque de neutralité de l’historien et s’intéresser à la façon dont l’historien fait l’histoire.Il fallait bien voir qu’une certaine part de subjectivité était constitutive de l’activité de l’historien.


Les références pertinentes : Dilthey, Ricoeur.


Le plan :

I. L’historien doit faire preuve de jugement lorsqu’il fait l’histoire :
Le jugement de l’historien s’exerce à trois niveaux :

A. Juger de la validité de ses sources : L’historien se fonde sur des traces, des archives (l’histoire naît d’ailleurs avec l’écriture), des témoignages (donc les jugements d’autres hommes). Le rôle de l’historien consiste à juger de la validité des sources, à les recouper, à les confronter.

B. Juger de ce qui est important historiquement : L’historien opère une sélection parmi ces documents afin de dégager ce qui relève de l’histoire. Le fait historique est donc construit. Or, qu’est-ce qui distingue un fait historique d’un fait insignifiant ? En général, l’historien repère les ruptures : ce sont elles qui sont historiquement pertinentes.

C. Juger le sens des événements : il faut maintenant que l’historien attribue un sens aux faits. Il y a une part d’interprétation dans le travail de l’historien. Dilthey opposait la méthode de l’histoire, fondée sur la compréhension, à la méthode explicative des sciences de la nature. L’historien doit justement être capable de se mettre à la place des acteurs historiques pour mieux comprendre leurs décisions. Il doit donc faire appel à sa propre subjectivité pour élaborer l’histoire, mais tout en s’abstenant de jugement de valeur. L’historien n’est pas un juge qui prononce des sentences.

Par conséquent l’historien doit exercer son jugement lorsqu’il vérifie ses sources, construit le fait historique et dégage le sens des événements, mais ne doit pas se placer en juge de l’histoire. Mais comment garantir la neutralité du jugement de l’historien ?


II. Mais l’historien est-il toujours juste dans ses jugements ?

A.Le jugement de l’historien est biaisé : Ce que l’historien jugera pertinent est dépendant de ses croyances, de ses représentations, de ses habitudes.

B. L’historien est-il en mesure de juger du présent ? L’historien est certainement le plus à même de comprendre le présent, mais le risque est grand de transposer indûment un événement passé sur le présent.

C.Les jugements de l’historien peuvent être instrumentalisés politiquement.



III. L’historien doit faire preuve de jugement pour éviter de juger :

A. Une histoire faite de façon totalement objective n’aurait aucun sens. L’historien ne doit pas éliminer tout jugement de valeur. L’historien doit faire preuve d’une « subjectivité impliquée » (Paul Ricoeur, Histoire et vérité) : son travail consiste justement à juger, c’est-à-dire à départager de la bonne et de la mauvaise subjectivité.

B.L’historien ne doit jamais juger définitivement les faits, mais travailler à constamment les remettre en question. Le jugement de l’historien est toujours une reconstruction rétrospective, qui révèle les préoccupations du présent. Le jugement d’un historien ne saurait donc être définitif.

C.C’est en confrontant ses propres jugements aux jugements d’autres historiens que le jugement de l’historien peut se consolider, mais sans tomber dans le conformisme.

Corrigé du Bac ES 2010 : Philosophie sujet 1

Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?

Le corrigé de Philosophie sujet 1, Bac ES :

Les notions au programme : La vérité, la raison et le réel, le bonheur.

La problématique :
Le sujet portait sur un type de vérité particulière : la vérité scientifique, ou plutôt « une » vérité scientifique. Qu’entend-on par « vérité scientifique » ? Toutes les vérités sont-elles scientifiques ? Qu’une vérité puisse être dangereuse peut sembler surprenant. Ce sont plutôt les actions qui sont habituellement considérées comme dangereuses, ou les erreurs. La vérité est d’ordinaire perçue comme ce qui permet à l’homme de ne pas errer. C’est plutôt l’erreur qui est jugée nuisible. En quel sens une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ? De quel point de vue ? Pour qui ? Il est remarquable que les découvertes scientifiques qui remettaient en cause les dogmes religieux ont toujours été condamnées (la théorie de l’évolution de Darwin par exemple). Les hommes semblent préférer l’illusion que la vérité établie par la science. Quel est donc ce pouvoir des vérités scientifiques ?


Les difficultés / pièges à éviter :
Il fallait éviter de transformer la question en « est-ce bien de savoir la vérité ? » ou « la science est-elle dangereuse ? »
La difficulté de ce sujet était qu’il pouvait conduire les candidats à constituer un catalogue sur ce qui était dangereux, et à aligner des propos anecdotiques sans réelle articulation.
Attention à ne pas confondre application technique de la science et vérité scientifique.
Le sujet faisait allusion à Nietzsche et à sa critique de la vérité.

Les références pertinentes :
Descartes.
Nietzsche.
Freud
Platon.

Le plan :

I. Une vérité scientifique est une source de certitude, et de liberté pour l’homme :

A. Une vérité scientifique est un danger pour les préjugés :
Pour accéder à la vérité scientifique, il faut remettre en cause nos préjugés. Selon Descartes, pour parvenir à la vérité, il faut récuser toutes les opinions qui ne sont pas indubitables. Il faut donc un certain courage pour atteindre la vérité. Il faut accepter de remettre en cause nos croyances les plus enracinées. C’est en tant qu’elle est déstabilisante que le vérité scientifique a souvent été condamnées par les autorités.

B. Mais en même temps elle fournit un point d’appui pour la réflexion :
Mais un tel scepticisme ne peut tenir longtemps. On ne peut continuellement remettre en cause toutes nos croyances sans éprouver un sentiment de vertige. L’homme a besoin d’un point d’appui, un « point d’Archimède » pour ne pas perdre pied. C’est le fameux « cogito » qui constitue, selon Descartes, ce fondement stable sur lequel la science pourra s’appuyer.

C.La vérité scientifique libère l’homme :
Savoir la vérité scientifique libère l’homme parce qu’elle l’oblige à conduire ses pensées par ordre, à ne pas se précipiter : l’erreur est chez Descartes précipitation de la volonté sur l’entendement. Celui qui parvient à une vérité scientifique apprend à contrôler sa volonté, laisse le temps à son entendement de réfléchir.

Par conséquent, la vérité scientifique est dangereuse pour les hommes qui n’ont pas le courage de renoncer à leurs préjugés, car elle les déstabilise. Elle est source de liberté pour ceux qui la trouvent. Mais pour quelles raisons certaines personnes refusent-elles la vérité scientifique ?


II. Mais une vérité scientifique peut être destructrice :

A.La souffrance de la lucidité :
Affronter la vérité n’est pas facile. L’homme a tendance à préférer l’illusion, comme le montre Freud dans l’Avenir d’une illusion. Il oppose erreur et illusion (on a intérêt à croire à cette dernière). C’est la raison pour laquelle les hommes sont religieux, selon Freud.

B. Une vérité scientifique est partielle :
La vérité est-elle nécessairement scientifique ? Pascal nous montre que la raison est limitée, et que le cœur peut parvenir à des vérités plus hautes.
Le danger d’une vérité scientifique réside donc dans son caractère partiel.

C. Préférer l’illusion à la vérité ?
Nietzsche nous met en garde contre le préjugé qui veut que la vérité vaille plus que l’apparence : nous sommes attachés à la vérité parce que nous n’avons pas le courage d’assumer le chaos foisonnant des apparences. La vérité nous ramène à la mort, tandis que l’apparence relève de la vie.

Par conséquent, la vérité scientifique menace psychologiquement les hommes, est partielle et potentiellement destructrice. Faut-il renoncer à toute vérité ?

III.Le danger, c’est de faire un usage dogmatique de la vérité scientifique.
Difficile pour l’homme de refuser les vérités scientifiques. Le relativisme comme le scepticisme sont intenables. Mais comment pallier aux dangers de la vérité ?

A. Le tyrannie de la vérité :
La vérité devient un danger lorsque elle n’admet plus l’erreur. Accorder trop d’importance à la vérité peut conduire à l’intolérance. Or, l’erreur est fructueuse.

B. Le dogmatisme :
La vérité devient dangereuse lorsqu’elle devient un dogme : ce n’est pas tant le résultat que la démarche qui importe. Platon insistait sur l’importance de se préparer à la vérité.

C. Une vérité n’est scientifique qu’à la condition d’être mise en danger :
La vérité n’est féconde que si elle est en permanence « mise en danger » ou falsifiée, confrontée à des objections. Popper nous invite au « faillibilisme » : la vérité n’est jamais définitive, elle n’est que provisoire.